Suite de la pétition du Collectif de défense de la médecine naturelle

Je reproduis ici dans son intégralité le mail que j’ai reçu (et que certainement tous les signataires de la pétition ont reçu) le 20/06/2011.

Remise de votre pétition demain à Bruxelles

Madame, Monsieur,

C’est demain à 13 heures que nous allons remettre les pétitions au Parlement européen, à Bruxelles, pour la défense des médicaments à base de plantes en Europe.

Grâce à votre mobilisation, nous avons obtenu pas moins de 1,4 millions de signatures, sans compter les 850 000 signatures que le mouvement citoyen Avaaz a récoltées à notre suite.

Nous serons nombreux au Parlement européen. Une grande conférence a été organisée par la députée européenne Michèle Rivasi, et les eurodéputés Satu Hassi, Heide Rühle, Carl Schlyter and Bart Staes. Elle se tiendra de 13 heures à 16 heures, dans la salle A5G3 du Parlement.

Les représentants de la Commission européenne (DG SANCO), de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) et de l’Autorité européenne des aliments (EFSA) répondront aux questions que se posent les citoyens européens sur la directive 24/2004/CE, aussi appelée THMPD (Traditional Herbal Medicinal Products Directive). Vous pouvez aussi poser des questions via la page Facebook créée par Madame Rivasi sur le sujet : http://www.facebook.com/event.php?eid=106006196160172

Rappelons que la directive THMPD crée une Autorisation de Mise sur le Marché « simplifiée » pour les médicaments à base de plantes, dont le coût est estimé à… 100000 à 140000 euros par plante, une somme hors de portée pour la plupart des fabricants (qui travaillent à l’échelle artisanale).

Cette nouvelle procédure est en train d’entraîner la disparition de nombreux remèdes à base de plantes, dont la rentabilité financière ne peut justifier de tels investissements. On redoute également la faillite d’une myriade de petits acteurs du secteur qui n’ont pas la puissance financière pour se plier à la nouvelle procédure. (Lire absolument à ce sujet l’interview de l’herboriste Michel Pierre, ci-dessous).

Bien entendu, les autorités se veulent rassurantes. Elles affirment qu’elles se montreront ouvertes et respectueuses des traditions médicinales les plus anciennes et les plus éprouvées.

Mais comme l’a rappelé la députée Michèle Rivasi sur son site Internet le 16 juin :

« Fin février 2011, la liste communautaire des substances, préparations et remèdes traditionnels à base de plantes déjà enregistrés ne comptait que 215 produits. Et seules 79 monographies communautaires de plantes médicinales ont été finalisées à ce jour. »

Deux cent quinze produits, alors que des dizaines de milliers de remèdes à base de plantes étaient autorisées en Europe jusqu’au 30 avril 2011, la date butoir de mise en application de la directive THMPD.

C’est le nettoyage par le vide.

De plus, cette nouvelle législation étant mal connue et difficile à interpréter, de nombreux fabricants et distributeurs se retrouvent dans une situation d’insécurité juridique qui bloque toute initiative de leur part.

La difficulté vient notamment de la définition des médicaments à base de plantes extrêmement large et floue, qui englobe un très grand nombre de plantes et toutes les préparations à base de plantes (substances végétales concassées ou pulvérisées, teintures, extraits, huiles essentielles, jus obtenus par pression). Seraient ainsi assujetties à une demande d’AMM toutes les plantes ayant un principe actif et l’ensemble des préparations officinales préparées par les professionnels de la santé.

Beaucoup de grossistes et de distributeurs préfèrent ne plus commercialiser les plantes par crainte des risques encourus, à tel point que la survie toute la filière en Europe est aujourd’hui menacée. Si elle disparait, les patients européens n’auront plus la possibilité pratique de se procurer de nombreuses plantes médicinales, quand bien même celles-ci seraient théoriquement autorisées par l’Union Européenne.

Pour toutes ces raisons, nous continuons à dénoncer haut et fort la directive 24/2004/CE qui, loin d’avoir pour effet de protéger les patients en leur garantissant des produits de qualité à base de plante, représente bel et bien l’arrêt de mort d’un savoir ancestral majeur de notre civilisation, les remèdes traditionnels à base de plante.

Plus que jamais, il est urgent de proposer des solutions législatives et administratives alternatives à ce que propose la directive européenne 24/2004/CE pour sauver les herboristeries qui proposent un savoir et un savoir-faire irremplaçables dans le domaine des plantes médicinales et des préparations à base de plantes, et de contribuer ainsi à préserver le bien être de tous.

Pour relever ce défi, nous sommes en cours de constitution d’une structure à Bruxelles dédiée à la protection de la santé naturelle en Europe. Notre prochaine communication aura pour but d’en annoncer le lancement, et sera accompagnée d’un appel à toutes les structures existantes qui souhaitent contribuer à ce travail essentiel.

Avec mes remerciements de votre intérêt pour cette cause essentielle,

Augustin de Livois
Collectif pour la Protection de la Santé Naturelle

INTERVIEW (A LIRE ABSOLUMENT !)

Michel Pierre, vous êtes propriétaire de l’herboristerie du Palais Royal à Paris depuis 40 ans selon les règles en vigueur de l’époque. Vous avez écrit plusieurs livres dont « Secret des plantes » (éditions Artémis) et vous en terminez un autre aux éditions du Chêne. Quel impact a eu la pleine entrée en vigueur de la directive 2004/24 (Directive THMPD) sur votre activité ?

Il faut bien comprendre que l’on ne peut pas se contenter de parler des herboristes. Il faut prendre en compte tous les acteurs du secteur : les cueilleurs, les producteurs, les grossistes, et les herboristes au bout de la chaîne. C’est bien toute une filière que l’on risque de tuer en appliquant cette directive et tous les emplois qui vont avec. Pour les cueilleurs et les producteurs surtout, ces limitations représenteront un manque à gagner important. Une grande partie du monde agricole pâtira de ce texte. Avec cette directive, on coupe presque définitivement le lien qui existe entre le terroir et le reste de la société et on prend le risque de perdre en même temps un immense savoir ancestral qui faisait la force de nos régions. Rappelons que plus de 50 % de nos herbes sont produites en France.

En ce qui me concerne, c’est d’abord mon herboristerie qui m’inquiète. Je distribue chaque année environ 30 tonnes d’herbes auprès de 60 000 clients dont de nombreux médecins. Ce chiffre pourrait être divisé par deux, ce qui m’obligerait à licencier quatre de mes huit salariés. Dans ces conditions, je ne pourrais plus travailler, je n’aurais plus qu’à devenir consultant extérieur pour une pharmacie !

Alors bien sûr, le ministère de la santé se veut rassurant, les institutions européennes aussi. On nous dit que plus de 600 plantes seraient autorisées en Europe et que c’est bien assez pour proposer des produits aux clients mais ce ne sont que des paroles. En attendant, depuis que la directive est passée, mon grossiste refuse de me vendre certaines plantes car il ne sait pas aujourd’hui quels sont les risques qu’il encourt. Il faut du temps, il parait, pour que soit établie cette liste de plantes. Mais combien ? Deux ans ? Trois ans ? Il en faudra probablement moins pour que l’herboristerie disparaisse complètement en France, et nous sommes une quinzaine.

En réaction à la pétition que le Collectif pour la défense de la médecine naturelle a lancée le 16 mars dernier (Guérison défendue) et qui a rassemblé plus de 1,4 million de signataires, la Commission européenne et certains grands journaux ont estimé qu’entre le vote de la directive (2004) et son application (2011), il y avait eu suffisamment de temps pour que les acteurs du secteur puisse déposer des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Qu’en pensez vous ?

Cela montre simplement que les institutions européennes n’ont aucune connaissance du terrain en France. Aujourd’hui une herboristerie n’a pas le droit de déposer de dossier d’AMM.

Nous pouvons déposer des demandes comme n’importe quelle société vendant des compléments alimentaires auprès de la DGCCRF, mais la liste est très loin de la quantité de plantes vendues en herboristerie.

En fin de compte, depuis la suppression du diplôme d’Herboriste en 1941, sous le régime de Vichy, rien n’a été fait par les pouvoirs publics en faveur de l’herboristerie. Au fil des années et des législations notre métier a été étouffé petit à petit dans la plus grande indifférence générale jusqu’à cette pétition. Et je me réjouis qu’elle ait touchée autant de personnes en Europe. C’est peut être là, l’un de nos derniers espoirs : que les gens réagissent face aux limitations qu’on nous impose sans nous consulter. On nous tue à petit feu.

On nous explique aussi avec le principe de reconnaissance mutuelle, qu’on peut aller se fournir partout en Europe. Je peux aller chercher des plantes en Italie ou en Allemagne qui sont interdites en France. Mais nous ne sommes pas un multinationale ! Nous n’avons pas les moyens d’aller chercher toutes ces plantes ailleurs sans compter qu’il parait aberrant d’aller chercher en Allemagne des plantes qui poussent déjà chez nous et que l’on utilise depuis des générations.

La solution serait peut être d’inviter les herboristes européens à venir s’installer en France, puisque le diplôme existe en Allemagne, Italie, Espagne, ou autoriser les pharmaciens à ouvrir des herboristeries, cela fait quand même partie de notre culture.

Concrètement, avez-vous des exemples de plantes qu’aujourd’hui vous ne pouvez plus distribuer à l’issue de la pleine entrée en vigueur de la directive THMPD ?

Bien sûr. Prenez par exemple la Chélidoine. Avec la nouvelle directive, elle sera soumise à une AMM pour toute distribution parce qu’elle contient des dérivés de benzylisoquinonéique, un alcooloïde, qui pris en trop grande quantité, peut provoquer des hépatites A, mais il s’agit d’extraits, pas de plantes pour infusion.

Nous on la proposait en tisane. C’est désormais impossible. Mais vous la trouverez en pharmacie sous forme de gélules ou de teintures, sauf que ces gélules sont conçues avec des extraits de plantes qui sont bien plus puissants que la plante en elle-même, et là, il faudra être attentif.

Je comprend que l’on interdise la vente du sassafras qui peut avoir des conséquences sur le système nerveux, je comprend que l’on interdise la vente d’extraits alcoolisés, ou d’huile essentielle d’absinthe, mais je ne comprend pas que l’on ne puisse plus vendre la plante pour faire des tisanes.

ET  VOUS ? EST-CE QUE VOUS LE COMPRENEZ ???

Pour REVOIR NOTRE VIDEO SUR LA DIRECTIVE THMPD, RENDEZ-VOUS SUR: www.defensemedecinenaturelle.eu

ENVOYEZ LE LIEN A TOUS VOS AMIS. C’EST LE DERNIER MOMENT POUR OBTENIR DES SIGNATURES À NOTRE PETITION QUI SE TROUVE ICI (VERSION FRANÇAISE) :

http://defensemedecinenaturelle.eu/signerlapetition.php

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Ce email vous est envoyé par le Collectif pour la Protection de la Santé Naturelle.

Pour nous écrire : contact@defensemedecinenaturelle.eu

Pour nous envoyer de la documentation par courrier, merci de vous adresser à :

Collectif pour la Protection de la Santé Naturelle
253A Chaussée de Wavre
1050 BRUXELLES – BELGIQUE

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