Pour certains, le cholestérol est sans conteste l’ennemi public numéro un à combattre à coups de statines – médicaments qui feraient baisser la cholestérolémie –, produits alimentaires, régimes… Il commet ses crimes via certains aliments. Et laisse des indices dans le sang. Pourtant, « le cholestérol est partout, dans la structure même des cellules, ses fonctions sont indispensables à la vie. Il est à la base des hormones stéroïdes, c’est-à-dire tout ce qui correspond aux hormones sexuelles, et des petites molécules qui nous permettent de digérer les lipides », explique le Pr Philippe Legrand, directeur du laboratoire de biochimie-nutrition humaine d’Agrocampus Ouest, à Rennes. Le cholestérol est donc un allié. « Sans cholestérol dans nos cellules, oui, on meurt », affirme encore l’éminent professeur.
Il semblerait que la peur de cette molécule meurtrière se soit confortablement installée à partir des années 1960. Aux Etats-Unis, le Pr Ancel Keys a alors démontré, en se fondant sur son étude dite « des 7 pays », qu’un taux de cholestérol élevé était bien la cause d’accidents cardio-vasculaires. Théorie depuis remise en cause par de nombreux scientifiques. Cependant l’angoisse a gagné et s’est installée. Des médecins accusent aujourd’hui les laboratoires pharmaceutiques et les industriels de continuer à surfer sur cette dernière pour vendre leurs produits. Ils ont, en effet, fait beaucoup de profits grâce aux statines et à de nouveaux produits : margarine, yaourts enrichis en stérols végétaux ou phytostérols. « Alicaments » pointés du doigt par le Pr Bruno Vergès, du centre hospitalier universitaire de Dijon, car pouvant constituer des facteurs de risques cardio-vasculaires.