La thyroïde
On la surnomme la glande papillon. Elle est située à la base du cou, juste en dessous de la pomme d’Adam. Ses deux moitiés, ou lobes, sont connectés par une partie centrale -l’isthme- qui confère à la thyroïde la forme d’un papillon.
Mais l’étymologie nous dit que « thyroïde » vient du grec ancien θυρεοειδής (thureoeidês), qui signifie « en forme de bouclier ». Ce mot comprend deux éléments :
- θυρεός (thureós), qui signifie « bouclier »
- et le suffixe -ειδής (-eidês), qui signifie « ayant la forme de » ou « ressemblant à ».
Et c’est sûr que, sans elle, il est difficile d’avancer dans la vie. D’où la référence au bouclier protecteur qui nous aide à faire front. Cette glande endocrine produit des hormones thyroïdiennes, principalement T4 et T3, essentielles au fonctionnement de nombreux systèmes du corps.
Sur la face arrière de la glande thyroïde, on trouve aussi les parathyroïdes. Il y a généralement quatre petites glandes parathyroïdes, réparties en deux paires, une paire en haut et une paire en bas. Les parathyroïdes sont très petites, de la taille d’un grain de riz, mesurant environ 3 à 4 millimètres de diamètre.
Bien qu’elles soient proches de la thyroïde, les glandes parathyroïdes sont des structures distinctes avec leur propre fonction, qui est principalement la régulation du calcium dans le sang.
Lors d’une intervention chirurgicale sur la thyroïde, ces glandes sont parfois difficiles à repérer en raison de leur petite taille et de leur proximité avec la thyroïde, ce qui peut les rendre vulnérables aux blessures.
Garde en tête que cet article se concentre uniquement sur la thyroïde. Les problèmes liés aux parathyroïdes seront abordés ultérieurement.
La pierre angulaire de la santé
En tant que glande endocrine, la thyroïde est une usine à produire des hormones qui vont réguler une grande partie des fonctions de ton corps. Son équilibre est donc essentiel au tien.
Les hormones thyroïdiennes
- Thyroxine (T4) : c’est la principale hormone produite par la thyroïde. Mais elle n’est pas active. Elle est libérée dans le sang et convertie en triiodothyronine (T3) dans les tissus, qui est la forme active.
- Triiodothyronine (T3) : hormone plus puissante, elle régule directement le métabolisme dans presque toutes les cellules du corps.
- Calcitonine : hormone impliquée dans la régulation des niveaux de calcium, elle est hypocalcémiante, bien que son rôle soit moins central par rapport à la parathormone (produite par les parathyroïdes) qui , elle, est hypercalcémiante.
Une alchimie subtile
Mais garde en tête que seule une petite quantité de T3 est produite directement par la glande thyroïde. La conversion de la thyroxine (T4) en triiodothyronine (T3), la forme active de l’hormone thyroïdienne, se produit principalement dans les tissus périphériques et non pas directement dans la glande thyroïde.
Voici les principaux endroits et mécanismes où cette conversion s’opère :
1/ Foie :
- Le foie est l’un des principaux organes où se produit la conversion de T4 en T3. Les enzymes désiodases, spécifiques à ce processus, retirent un atome d’iode de la molécule de T4 pour la transformer en T3.
- Le foie est responsable d’une grande partie de la conversion, libérant ensuite la T3 dans le sang pour être utilisée par les cellules de l’organisme.
Note l’importance d’avoir un foie en bonne santé et de ne pas le surcharger de travail.
2/ Reins :
- Les reins sont également un site important de conversion. Comme pour le foie, les désiodases présentes dans les reins participent à la transformation de T4 en T3 circulante.
3/ Tissus périphériques (muscles, cerveau, etc.) :
- La conversion de T4 en T3 a aussi lieu dans d’autres tissus, notamment dans les muscles et le système nerveux central, en particulier le cerveau. Ces tissus expriment également des enzymes désiodases, permettant de produire la T3 localement pour répondre aux besoins spécifiques des cellules.
4/ Enzymes désiodases :
- La conversion de T4 en T3 est régulée par des enzymes spécifiques appelées désiodases :
- Désiodase de type 1 (D1) : présente principalement dans le foie, les reins et la glande thyroïde. Elle est responsable d’une grande partie de la production de T3 circulante.
- Désiodase de type 2 (D2) : se trouve dans les tissus périphériques, notamment dans le cerveau, l’hypophyse, et les muscles. Elle produit de la T3 directement dans les cellules pour des fonctions locales.
- Désiodase de type 3 (D3) : cette enzyme inactive la T3 et T4 en les convertissant en formes inactives, principalement pour réguler l’excès d’hormones thyroïdiennes.
5/ Circulation systémique :
- Après la conversion de T4 en T3 dans les différents organes et tissus, la T3 est libérée dans la circulation sanguine, où elle est transportée vers les cellules de l’organisme pour y exercer ses effets. La majorité de la T3 disponible dans le corps provient de cette conversion périphérique.
En résumé, la conversion de T4 en T3 s’opère principalement dans le foie, les reins, et les tissus périphériques grâce à des enzymes spécifiques appelées désiodases, ce qui permet de réguler les niveaux de T3 active dans tout le corps.
L’étage supérieur de la fusée
Mais la thyroïde n’agit pas seule. Elle reçoit des ordres d’en haut.
En effet, supervisant la thyroïde, il y a le chef d’orchestre endocrinien du corps. Je veux parler de l’hypophyse ou glande pituitaire. C’est une petite glande située à la base du cerveau. Elle produit tout un tas d’hormones et notamment la TSH, hormone thyréostimulante, qui régule l’activité de la thyroïde. Et elle est elle-même sous le contrôle de l’hypothalamus.
1/ Stimulation de la thyroïde
La TSH agit comme un messager chimique envoyé par l’hypophyse à la thyroïde pour lui indiquer de produire davantage d’hormones thyroïdiennes, principalement la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3).
2/ Rétroaction négative
La production de TSH est régulée par un mécanisme de rétroaction négative. Lorsque les niveaux d’hormones thyroïdiennes dans le sang sont bas, l’hypophyse sécrète davantage de TSH pour stimuler la thyroïde à produire plus d’hormones.
En revanche, lorsque les niveaux d’hormones thyroïdiennes sont élevés, la production de TSH est inhibée pour empêcher une surproduction d’hormones thyroïdiennes.
3/ Maintien de l’équilibre hormonal
La TSH joue un rôle crucial dans le maintien de l’équilibre hormonal en régulant la production d’hormones thyroïdiennes. Les hormones thyroïdiennes influent sur de nombreux processus biologiques, y compris le métabolisme, la croissance, le développement, la température corporelle et la fonction nerveuse.
Les carburants de la thyroïde
Il y en a principalement deux : l’iode et la tyrosine, mais d’autres nutriments comme le sélénium, le zinc et le fer jouent également des rôles cruciaux dans le bon fonctionnement et la régulation de la thyroïde. Un équilibre adéquat de ces nutriments est essentiel pour maintenir une thyroïde saine.
L’iode
L’iode contenu dans l’alimentation est essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes. La thyroïde utilise cet oligo-élément pour produire les deux principales hormones thyroïdiennes : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Voici comment l’iode est utilisé dans ce processus :
1. Rôle de l’iode dans la synthèse des hormones thyroïdiennes :
- Capture de l’iode : La glande thyroïde capte l’iode à partir du sang grâce à un mécanisme appelé le symporteur sodium-iode (NIS), situé à la surface des cellules thyroïdiennes.
- Incorporation de l’iode dans les hormones : Une fois dans la thyroïde, l’iode s combine aux acides aminés tyrosine pour former les hormones :
- T4 (thyroxine) : contient 4 atomes d’iode.
- T3 (triiodothyronine) : contient 3 atomes d’iode.
- Ces hormones sont ensuite stockées sous forme de thyroglobuline dans la thyroïde jusqu’à ce qu’elles soient nécessaires dans le corps, moment où elles sont libérées dans la circulation sanguine.
2. Sources d’iode dans l’alimentation :
L’iode est un micronutriment que le corps ne peut pas produire, il doit donc être obtenu par l’alimentation. Les principales sources d’iode incluent :
- Sel iodé (l’une des principales sources d’iode dans de nombreux pays),
- Poissons et fruits de mer,
- Produits laitiers (l’iode utilisé dans les aliments pour bétail se retrouve souvent dans le lait),
- Algues marines,
- Certains légumes comme les épinards et les pommes de terre (bien que les concentrations d’iode dans les légumes dépendent du sol dans lequel ils sont cultivés).
3. Conséquences d’une carence en iode :
Une carence en iode peut entraîner des problèmes dans la production d’hormones thyroïdiennes, ce qui peut conduire à des troubles tels que :
- Hypothyroïdie : La thyroïde ne produit pas suffisamment d’hormones, entraînant des symptômes comme la fatigue, la prise de poids, et la dépression.
- Goitre : Pour compenser le manque d’iode, la glande thyroïde peut augmenter de taille dans une tentative d’absorber plus d’iode, provoquant un gonflement visible du cou.
- Crétinisme : Chez les enfants nés de mères ayant une carence sévère en iode, cela peut entraîner un retard mental et des problèmes de développement (désormais rare grâce aux politiques de supplémentation en iode).
4. Excès d’iode :
Un excès d’iode dans l’alimentation peut également être problématique, bien que cela soit moins courant. Une trop grande quantité d’iode peut altérer la production d’hormones thyroïdiennes, entraînant parfois une hyperthyroïdie ou une hypothyroïdie, selon les circonstances.
La tyrosine
La tyrosine est un acide aminé. Elle est nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes et sert de base pour la liaison avec l’iode dans la formation de la thyroxine (T4) et de la triiodothyronine (T3).
Voici comment ces deux composants travaillent ensemble :
- La tyrosine est un acide aminé présent dans de nombreux aliments riches en protéines. Il forme la colonne vertébrale des hormones thyroïdiennes. Lorsque la thyroïde capte de l’iode, elle le combine à la tyrosine pour créer des molécules de T4 et T3.
- Formation des hormones : Deux molécules de tyrosine sont iodées pour former les hormones thyroïdiennes. Ensuite, ces molécules sont transformées en T4 (avec 4 atomes d’iode) ou en T3 (avec 3 atomes d’iode).
- Sources alimentaires de tyrosine : La tyrosine est synthétisée par le corps à partir d’un autre acide aminé, la phénylalanine, ou elle peut être obtenue directement à partir de l’alimentation. Les sources alimentaires incluent :
- Produits animaux : Viande, poisson, produits laitiers, œufs.
- Végétaux : Soja, haricots, lentilles, noix, graines, et certains grains entiers.
Autres éléments et cofacteurs importants
Bien que l’iode et la tyrosine soient les principaux « carburants » nécessaires à la synthèse des hormones thyroïdiennes, d’autres micronutriments jouent un rôle indirect mais essentiel dans leur production et leur régulation :
Sélénium
Le sélénium est indispensable pour le fonctionnement des désiodases, les enzymes qui convertissent la T4 (inactive) en T3 (active) dans les tissus périphériques.
Le sélénium aide également à protéger la thyroïde contre les dommages oxydatifs. En effet, la glande thyroïde a une grande activité métabolique et produit des radicaux libres.
Sources : Noix du Brésil, poissons, viandes, céréales complètes.
Zinc
Le zinc est impliqué dans la régulation de l’activité des hormones thyroïdiennes et joue un rôle dans la conversion de la T4 en T3.
Une carence en zinc peut entraîner une hypothyroïdie.
Sources : Viande rouge, crustacés, noix, graines, produits laitiers.
Fer
Le fer est nécessaire pour l’activité de la thyroperoxydase (TPO). La TPO est un enzyme qui joue un rôle clé. Elle permet la fixation de l’iode à la tyrosine pour former les hormones thyroïdiennes.
Une carence en fer, notamment en cas d’anémie, peut inhiber la production d’hormones thyroïdiennes.
Avoir les idées claires
Dans cet épisode 1 sur la thyroïde, nous avons vu que cette glande endocrine produit des hormones T3, T4 et calcitonine. L’hypophyse, sous contrôle de l’hypothalamus supervisent cette production. Elle ordonne d’augmenter ou de diminuer la production grâce à la TSH.
La thyroïde produit surtout de la T4. Pour être active, la T4 doit être convertie en T3. Elle peut ainsi délivrer ses informations au reste du corps via la circulation sanguine. Cette conversion de la T4 en T3 a surtout lieu ailleurs qu’au sein de la glande papillon : à savoir dans le foie, les reins, et les tissus périphériques (cerveau et muscles).
Et nous avons vu aussi que, pour bien fonctionner, la thyroïde a besoin d’iode, tyrosine, sélénium, zinc et fer.
A très bientôt pour le prochain épisode!
Une réflexion sur « Focus sur la glande papillon – épisode 1 »